Conjoncture financière à fin juillet 2024

UN REPIT ESTIVAL BIEN PARTICULIER

Depuis le 7 juillet dernier, la France a entamé une période qui, tant sur le plan politique qu’économique, ressemble à une pause dont l’échéance n’a pas été précisée. Les élections législatives de juin dernier n’ont dégagé aucune majorité au parlement. Ce résultat conduit à l’incapacité de former un gouvernement selon le modèle majoritaire et la pérennité d’un gouvernement fragile pourrait ne pas dépasser l’échéance du vote du budget. Car la présentation de la loi de finances 2025 est prévue le 25 septembre prochain, seulement quelques jours après que le plan budgétaire de procédure pour déficit excessif soit exposé par la France devant la commission européenne. Ces échéances sont autant de marqueurs qui devraient accélérer la nécessaire constitution d’un gouvernement. Le Président Macron, qui a seul la responsabilité de nommer le premier ministre, semble pourtant avoir choisi l’option de l’attentisme. Cette posture est encouragée par l’incapacité des partis en présence, 3 forces politiques bien différentes, de proposer une stratégie de gouvernement claire et pérenne alors qu’aucun d’entre eux n’est en mesure de constituer une majorité durable à l’Assemblée. Cette situation, inédite en France sous la Vème république, est pourtant pratique courante dans des pays voisins. Les majorités étant de plus en plus difficiles à constituer, la coalition devient un mode de gouvernance qui associe le plus grand nombre à des solutions qui forcément allient compromis et concessions et qui évite l’immobilisme. Si les partis ne semblent pas prêts à prendre ce chemin, c’est pourtant le message qui a été porté par les Français à l’occasion de ces élections.

Cet attentisme n’est évidemment pas sans conséquence sur une conjoncture économique déjà hésitante. Et les résultats des dernières enquêtes de la Banque de France ou de l’Insee en attestent déjà quelques conséquences. En juillet, elles enregistrent unanimement une forte hausse du niveau d’incertitude. Elle se traduit par une chute de la confiance des chefs d’entreprises dans tous les secteurs. Les perspectives dans l’industrie, les services ou la construction qui s’étaient stabilisées sur leur niveau d’équilibre de long terme au printemps dernier ont brutalement décroché.

Du côté des ménages, l’incertitude à l’issu de ce moment électoral ne va pas contribuer à redresser les dépenses, même si la nouvelle détente de l’inflation ou la résilience persistante du marché du travail seraient de nature à les rassurer…  Les bienfaits et l’enthousiasme des jeux olympiques sur la conjoncture du troisième trimestre peuvent à court terme atténuer les conséquences de cette période de flottement. Mais la rentrée budgétaire risque fort de balayer rapidement l’acquis de ce répit estival si particulier.

Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire

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