Conjoncture financière à fin septembre 2023
2024 n’est plus très loin,
L’année 2023 se termine sur des performances économiques très contrastées. Elles sont restées solides aux Etats-Unis dans un contexte de resserrement monétaire rapide et ample. Ainsi la banque centrale américaine a procédé à 11 hausses de taux en l’espace de 16 mois atteignant un probable point haut à 5,5 % qui n’a plus évolué depuis juillet 2023.
La BCE a mené une action identique mais plus tardive et plus progressive aussi dans un contexte inflationniste qui semble s’éloigner progressivement. Le mouvement de repli mondial des pressions sur les prix est cependant encore insuffisamment engagé pour offrir aux instituts d’émission le loisir d’entamer le chemin d’un retour vers une politique moins contraignante.
L’activité économique s’est progressivement adaptée à ce nouveau contexte financier. Du côté des Etats-Unis, la politique budgétaire particulièrement active et le solde des réserves d’épargne accumulée au cours de la pandémie ont largement participé au maintien d’une dynamique de solide croissance, près de 3 % en g.a, malgré la hausse des taux. Dans la zone euro, le choc énergétique consécutif à la guerre en Ukraine affecte encore les économies les plus industrielles de l’Union. Ainsi, malgré le reflux de l’inflation, l’économie allemande souffre d’une crise énergétique durable qui contraint de nombreux secteurs d’activité à un profond changement de modèle et freine son activité. D’autres pays de l’union monétaire, moins exposés au gaz en provenance de Russie, réussissent à maintenir leur niveau d’activité en territoire légèrement positif.
C’est le cas de l’Espagne de la France et même de l’Italie mais globalement la croissance de la zone reste fragile, en hausse d’à peine 0,1 % sur les quatre derniers trimestres. Dans un contexte où les marges budgétaires sont souvent contraintes par des niveaux de déficits et de dettes qui restent excessifs au regard des règles européennes tout nouveau coup de pouce venant des pouvoirs publics semble peu réaliste au moment où la parenthèse Covid qui avait fait un pas de côté en matière d’équilibres budgétaires va se refermer dès le 1er janvier 2024.
C’est pourquoi, si l’année 2023 se termine sur une performance modeste, 0,5 % dans la zone et 0,9 % en France, les premiers mois de la nouvelle année risquent de conjuguer à la fois le maintien en l’état d’une politique monétaire restrictive de la BCE malgré le reflux de l’inflation attendue à 3 % en fin d’année, et une politique budgétaire contracyclique sous contrainte.
Dans le même temps et avec une étonnante résilience, l’investissement productif reste sur une solide trajectoire. Les efforts de réindustrialisation et la nécessaire transition énergétique, résistent encore aux vents contraires de coûts financiers plus élevés et d’une demande plus fébrile. Ce relais de croissance pourrait néanmoins constituer la bonne surprise de l’année 2024.
Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire
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