Conjoncture financière à fin juin 2021
Normalisation et variants : de difficiles arbitrages
Malgré quelques contraintes sanitaires réactivées au cours du premier trimestre de l’année, le processus de vaccinations qui se déployait dans l’Union Européenne devait signer la fin de cette difficile période de crise sanitaire. L’apparition de nouveaux variants nous rappelle que nous n’en avons pas terminé avec cette pandémie.
A présent, les autorités de l’Union tentent de concilier reprise économique et gestion sanitaire dans un programme de mesures de prévention qui n’entravent pas l’activité. Les vagues successives de rebond épidémique nous ont appris à adapter notre mode de vie à cette menace. En France, les activités se sont organisées autour de ces contraintes et seuls quelques secteurs spécifiques ont dû rester portes closes. Cette perspective d’un retour à plus de normalité a propulsé les indicateurs d’activité dans une phase de rattrapage soutenu. Le climat des affaires a atteint un niveau inconnu depuis le printemps 2007. Les services, particulièrement pénalisés et qui avaient accumulé un retard certain, se sont redressés. Les enquêtes auprès des ménages ont suivi la même trajectoire qui s’est traduite par un bond de plus de 10 % de leurs dépenses de consommation de biens en mai dernier, effaçant le retard accumulé sur un an. Ce significatif rebond tient d’abord à toutes les mesures qui ont été déployées au cours de la crise. Face à une situation inédite, le gouvernement n’a pas hésité à ouvrir les vannes des aides tous azimuts : indemnités, reports d’échéances de règlement ou garanties, toutes ces mesures ont permis de maintenir les capacités de production et de dépenses en sommeil. Dans la phase de sortie, la demande, et malgré quelques ajustements, l’offre se réveillent progressivement. Inéluctablement, cette reprise s’accompagne de quelques tensions sur l’appareil de production, sur les stocks qui avaient atteint des niveaux particulièrement bas en fin d’année 2020 et sur le marché du travail où des offres restent en suspens surtout dans les secteurs qui ont été longtemps sans aucune activité. C’est le cas de l’hôtellerie, la restauration, les services de tourisme.
Malgré ces difficultés, la croissance devrait afficher des niveaux élevés au cours des prochains trimestres, rattrapant quelque peu la perte d’activité de l’année 2020. Si, selon l’Insee elle pourrait flirter avec les 6 % en moyenne sur l’année, ce résultat pourtant exceptionnel ne sera néanmoins pas suffisant pour combler le retard accumulé depuis le début de la pandémie. C’est pourquoi, le programme de relance qui devrait se déployer à partir de la seconde partie de l’année et sur 3 ans tient une place centrale dans le rétablissement de l’économie. Il en est de même d’une politique monétaire qui, malgré les inéluctables tensions de sortie de crise, devra trouver le juste équilibre entre risque inflationniste et risque sur l’endettement qui s’est accumulé au cours de la pandémie. L’été ne laissera finalement de répit ni à la pandémie, ni à la gestion de la sortie de crise.
Brigitte TROQUIER – Economiste BRED Banque Populaire
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