Conjoncture financière au 3eme trimestre 2018
Les interrogations se multiplient sur la fin d’année.
Si le contexte macro-économique reste assez lisible, il n’en est pas de même de la perception des investisseurs sur les valorisations des marchés. C’est pourquoi ces derniers, depuis le printemps, ont une allure plus hésitante. On pourrait s’en étonner alors que les entreprises continuent à délivrer des résultats de bonne facture. En Europe, ils ont cependant du mal à convaincre de la poursuite de ce mouvement. Au-delà de l’Atlantique, la fin d’année va sonner le glas du soutien apporté par les avantages fiscaux et le rapatriement des profits accumulés à l’étranger depuis quelques années. De ce fait, la dernière partie de l’année s’annonce un peu plus délicate en matière d’allocation.
Car d’autres sujets viennent alimenter plus d’incertitudes sur le plan financier. A commencer par la hausse des taux d’intérêt qui, aux Etats-Unis n’est plus à présent un simple ajustement vers la neutralité mais, pour un certain nombre de membres du Comité de politique monétaire, un nécessaire resserrement des conditions de crédit alors que les signes de tensions sur l’économie se multiplient. La Banque Centrale relèvera ses taux d’intervention une fois encore en décembre et procèdera à au moins deux hausses en 2019. Cet ajustement ne manquera pas de se traduire sur la courbe des taux. La partie longue s’affirmera sans aucun doute fermement au-dessus de la barre des 3%, niveau récemment dépassé. Ce rendement peut constituer un attrait alternatif face à un marché d’actions devenu cher.
En Europe, et dans la zone euro en particulier, les considérations ne sont pas du même ordre. La conjoncture s’essouffle. Elle reste néanmoins sur un régime de croissance modérée. Les pressions sur les prix sont contenues sur la partie sous-jacente des indices. La hausse du prix de l’énergie constitue tout de même une préoccupation sur le pouvoir d’achat. S’ajoute à cet environnement conjoncturel plus éparpillé, des préoccupations politiques qui brouillent à nouveau l’unité de la zone. Au Brexit qui approche avec la perspective d’une sortie de l’Union sans accord, s’ajoutent à présent au sein même de la zone euro des divergences politiques et une dispersion des priorités. L’immigration, les politiques économiques sont autant de sujets qui éloignent un peu plus les partenaires. C’est à ce titre, que malgré des résultats économiques qui restent décents, les investisseurs ne peuvent oublier que cette zone monétaire est encore loin d’être définitive. Sur la dernière partie de l’année, bien que la politique économique des Etats-Unis fasse l’objet de nombreuses incohérences, les investisseurs pourraient trouver dans les actifs sans risque américains un relatif refuge.
Brigitte Troquier – Economiste BRED Banque Populaire
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